ANOANOTUPUest le titre de cette exposition éphémère d’artistes polynésiens réunis en un lieu pour partager leurs univers singuliers à travers des médiums et des concepts incursifs, ineffables, qui ne sont, en réalité, qu’une sélection d’instantanés visuels choisis pour cette occasion.
Ces univers, d’ordinaire peu présents dans les galeries d’art, sont en pleine expansion et méritent à juste titre que ces espaces leur soient ouverts, voire dédiés, afin de s’inscrire dans le paysage culturel artistique de la Polynésie d’aujourd’hui.
Leur visibilité et leur reconnaissance permettent d’instaurer un climat propice au dialogue équilibré entre les cultures.
Huit plasticiens proposent de vous faire découvrir leurs préoccupations du moment à travers des travaux hétéroclites.
M. Viri TAIMANAaffiche des peintures avec des plans saturés en couleurs marquant avec insistance les recouvrements comme une volonté de laisser apparaître des poncifs issus du patrimoine polynésien par estampage. Ces motifs participent à la composition sous le prétexte d’un renvoi aux impressions textiles mais au delà cet aspect, la surface picturale nous entraine vers des creusets telluriques qui alimentent l’imaginaire de son auteur.
Mme. Flora DEVATINEjoue avec des résidus de mots, fragments de pensées, avec les formes, les coloris, les tonalités des photos de bris de verre dépolis, pour donner sa vision de l’évolution de la société ma’ohi. Les restes calcinés des troncs au cœur de pierre, « toe, toetoe’a », sont pour l’artiste des arbres amis presque vivants, dont le bois parfait, le bois d’œuvre, permet en créant de l’inédit, de redonner du sens, de la valeur aux « atiretire », ces « restes », « pehu », « bons pour le feu ».
Melle. Orama NIGOUinvestit le textile en y proposant une matière créée par ses soins.
« Dégoûtant », « répugnant », « indigne » et pourtant fascinant ! Tel est le cheveu lorsqu’il n’est plus sur une tête. Il a pourtant tant à offrir au textile et pour explorer la matière et la vivre, quoi de mieux que de la porter ?
Mme. Vaihere TAURAA propose une exploitation pêle-mêle de la relation qu’entretient l’Être humain avec les animaux d’élevage tel que le cochon. L’artiste exploite les interrogations d’ordre éthique que suscite l’apparition de nouveaux types de relations entre l’Humain et l’animal dont les fins ne sont plus alimentaires mais médicales et économiques.
Mme. Hihirau VAITOAREaccorde un intérêt particulier aux procédés de création numérique et aux matériaux qu’elle associe pour mettre à distance sa pratique de la sculpture et appréhender le volume autrement. Elle retrace dans ses œuvres les bribes, souvenirs des temps évanescents comme une manière de les fixer pour toujours.
M. Tokainiua DEVATINEprésente des travaux en métal tressé, dépoli, fraisé, lustré, en explorant la relation que les contemporains entretiennent avec ce matériau qui a remplacé le bois et les fibres végétales des objets quotidiens du passé. Pour l’artiste, ces œuvres traduisent davantage la continuité des cultures des temps immémoriaux qu’une rupture avec le passé.
Mme. Heiata AKAinterroge à travers ses œuvres ce qu’elle définit comme des phrases à insertion picturale : « L’origine d’un mouvement de masse. Tendrait-elle à disparaître ? Ou apparaît-elle comme l’évidente singularité d’une culture qui perdure à l’infini ? ».
En rouge et noir, je redéfinis mon monde !
M. Tahurai IPUTOA revisite les objets du patrimoine polynésien en réactualisant les matériaux et méthodes de fabrication. La mémoire collective trouve dans la fibre de verre un nouveau support pour inscrire les formes élégantes, épurées.
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